Deux projets s’affrontent pour résoudre le problème de capacité du nœud ferroviaire de Genève. Parce que leur efficacité serait à peu près la même, ils ont à peu près la même valeur.
Mais ils n’ont pas du tout le même coût. La « boucle de l’aéroport » coûterait environ un milliard, la solution « officielle » environ 5 milliards : 5 fois plus. De ce fait, le surcoût, 4 milliards, ne serait d’aucun intérêt public : on brûlerait 4 millions de billets de 1’000 francs, le résultat pour le bien public serait le même (taxes et impôts sur bénéfices des entrepreneurs et mandataires mis à part).
Ces 4 milliards pourraient contribuer au développement ferroviaire, à la réalisation d’une ligne nouvelle entre Genève et Lausanne, pour des corrections de tracé entre Lausanne et Berne.
Mais aussi, mais surtout, ces 4 milliards pourraient soulager bien des gens de leur infortune et leur dénuement. Dépenser 5 milliards pour atteindre un objectif qu’une autre solution atteindrait pour un milliard seulement serait une insulte à tous les gens à la peine, à Genève, à Berne, en Suisse, dans le monde entier.
Contrairement à ce que pense M. dal Busco, il ne suffit pas de disposer d’un milliard pour le dépenser, il faut s’assurer de l’utilité publique de sa contrepartie.
Ils devraient rougir de honte, les élus qui arguent que la boucle, parce qu’elle aurait été deux fois rejetée par le Grand Conseil, ne peut en aucun cas être réexaminée. Elle devrait pourtant l’être parce que depuis ces votes le projet « officiel » a changé, parce que le coût de sa 1ère phase a fortement augmenté, parce que sa mise en service finale a été reportée de 2045 à 2060 (Marc Moulin, TdG, février 2022). Elle devrait être réexaminée aussi parce qu’un expert indiscutable, le Professeur Daniel Emery, chargé de cours à l’EPFL pendant plus de 40 années, a anéanti en janvier 2022 le principal argument des adversaires de la boucle, qui était qu’elle ne serait pas compatible avec le système cadencé (https://mobilite.blog.tdg.ch/archive/2022/01/23/l-expert-par-excellence-l-affirme-319799.html).
Que des Députés au Conseil des Etats et des Conseillers nationaux (pas des moindres), des Députés au Grand Conseil genevois (pas des moindres non plus), soient d’avis qu’il est indifférent de dilapider 4 milliards témoigne de l’ampleur de leur solidarité humaniste : elle est nulle. Ce qui compte pour eux, c’est l’image de la fonction publique, même si cette dernière déraille. Ce faisant, ils dégradent l’image de la fonction publique suisse toute entière.
A tort, heureusement.