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Un député à la rescousse des administrations en charge des transports

En italique noir, les propos du député, en romain rouge mes commentaires

La gare Cornavin a atteint la limite de ses capacités, il faut donc la renforcer en ajoutant des voies et un quai. C’est faux, il ne faut pas, ce n’est pas nécessaire. La boucle de l’aéroport fera que tous les trains desservant l’aéroport depuis la Côte vaudoise et au-delà ne visiteront Cornavin qu’une fois par visite de Genève, et non deux fois, la première fois en se rendant à l’aéroport, la seconde au retour. Avec la boucle, si ce sont 8 trains qui visitent Aéroport, ce sont 8 trains qui visitent la gare de Cornavin, tandis que, aussi longtemps qu’Aéroport reste en cul-de-sac, ce sont 16 trains qui visitent Cornavin. La boucle libèrera donc à Cornavin 8 sillons supplémentaires, au moins autant qu’en procurerait la gare souterraine prévue par le projet officiel. Monsieur le député, vous m’étonnez de ne pas avoir compris. Le projet en surface a été combattu - à juste titre - et nous avons maintenant un projet de gare souterraine dont le crédit cantonal de 425 millions a été adopté à l'unanimité de notre parlement en 2016. La Confédération va injecter plus d'un milliard dans ce projet et la Ville de Genève complétera. Voter cette boucle, Mesdames et Messieurs, c'est mettre en danger l'extension souterraine de la gare, - c’est faux : la boucle ne met pas en danger l’extension souterraine, elle la rend inutile - c'est mettre en danger le soutien financier de plus d'un milliard voté par le Parlement fédéral – c’est faux, ce milliard, ce n’est pas un soutien, c’est un dû : depuis le 9 février 2014, c’est la Confédération qui doit prendre en charge toutes les extensions de réseau ferroviaire. Le crédit voté par le Parlement fédéral est destiné expressément à « l’extension de capacité du nœud de Genève », ce que réalise très généreusement la boucle de l’aéroport, satisfaisant l’arrêté fédéral:

https://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/20141516/index.html

Monsieur le député, vous m’étonnez de ne pas avoir compris. Pardonnez-moi ce jeu de mots douteux, digne peut-être du rapporteur de minorité, mais puisque le projet d'extension de la gare Cornavin est maintenant bouclé, ce projet de boucle nous fait vraiment tourner en rond.

Mesdames et Messieurs, la raison principale pour laquelle refuser ce projet concerne l'exploitation. Les CFF nous l'ont dit, l'Office fédéral des transports nous l'a dit aussi, tout comme l'office cantonal des transports : ça prolongera de huit minutes le temps de parcours d'un train sur deux. C’est tout simplement faux, n’importe quel enfant le comprendra, même si les CFF, l’OFT, l’OCT et le député n’y parviennent pas : ce ne sont pas tous les trains visitant Genève depuis la Côte qui rejoignent Aéroport, il en est qui rejoignent Annemasse. Si ce sont 6 trains qui visitent Annemasse et 8 qui visitent Aéroport par la boucle, il y en aura 8 seulement dont le temps de parcours Cornavin – Côte lémanique sera pénalisé par le détour par l’aéroport, et 14 dont le temps de parcours ne le sera pas. Monsieur le député, vous m’étonnez de ne pas avoir compris. Alors on ne va pas entrer dans les détails techniques, mais ça ne correspond plus à l'horaire cadencé des CFF qui est valable sur l'ensemble du réseau suisse et qui vise des temps de parcours parfaitement identiques pour pouvoir assurer les correspondances. C’est encore faux : il suffit de donner un contre-exemple pour prouver que c’est faux : le trajet Genève – Zurich s’effectue actuellement via Berne en 2h46, via Bienne en 2h41. Imaginez-vous sur le quai de la gare Cornavin en partance pour Lausanne: vous avez un train qui part directement pour Lausanne et un autre qui va d'abord faire le tour de la boucle, s'arrêter à l'aéroport, puis continuer jusqu'à Lausanne, ce qui prendra huit minutes de plus. Quel train allez-vous choisir ? Bien entendu, vous allez prendre celui qui va le plus rapidement à Lausanne, ce qui fait qu'un train sur deux passant par l'aéroport sera à moitié vide tandis que ceux qui se rendront directement à Lausanne et dans le reste de la Suisse seront en totale surcapacité ! C’est donc tout faux. Il y aura 14 trains qui partiront de Cornavin en direction de Lausanne, et 8 seulement qui partiront de Cornavin vers la Côte via Aéroport. Monsieur le député, vous m’étonnez de ne pas avoir compris.

De plus, Mesdames et Messieurs, et la rapporteure de majorité l'a souligné, les coûts du projet de boucle sont largement sous-estimés; on n'a pas le temps d'entrer dans les détails, mais d'après l'avis de tous les experts, ces coûts sont largement sous-estimés. « On n’a pas le temps d’entrer dans les détails ». Il vaut donc la peine de rappeler ici la vérité que Monsieur le député n’a pas le temps de faire connaître : les experts qui prétendent sous-estimés les coûts de la boucle sont tous membres des organes incriminés, l’OFT, qui a délibérément menti à ce sujet avec la caution des CFF, avant de tenter de décharger sa responsabilité sur l’administration cantonale en charge des transports. Une affaire honteuse rappelée ici :

https://mobilite.blog.tdg.ch/archive/2020/02/14/cout-de-la-boucle-appreciation-subjective-de-ses-adversaires-304442.html

Mon estimation à un milliard est solide, les mensonges avérés de ceux qui prétendent le contraire les a totalement discrédités. Monsieur le député, vous m’étonnez de ne pas vous en être rendu compte. Aujourd’hui, et j'en terminerai par là, nous avons une union sacrée entre la Confédération, l'Office fédéral des transports, les CFF, le canton, notre parlement, la Ville de Genève. Cela n’a rien d’une union sacrée, bien au contraire : cela tient plutôt d’un regroupement malsain d’organes étatiques et paraétatiques contraints à l'entente en raison d’une compromission commune : avoir décidé ensemble, en catimini, sans la rendre publique, une solution qui s’est avérée par la suite irréalisable : une extension de Cornavin en surface avec deux quais et 4 voies, puis cette extension en surface avec seulement un quai et deux voies, puis cette extension en souterrain, avec deux voies souterraines jusqu’à Châtelaine, puis encore avec une voie seulement jusqu’à Châtelaine, faisant passer le coût de 790 millions au départ à 1,65 milliards, retardant de 10 ans une solution que la mise en service du CEVA rendait pourtant urgente, ne résolvant pas l’insuffisante capacité de la gare de l’aéroport, qui coûterait trois milliards de plus (un milliard pour une seconde extension souterraine de Corenavin, et deux milliards pour une nouvelle gare sous-souterraine à l’aéroport), dont les chantiers bouleverseront pendant des décennies le centre fonctionnel de Genève. Voilà le triste résultat de la vaniteuse impéritie de cette coalition contre nature.

L’hebdomadaire Domaine public a publié le 29 octobre 2020 un article de Monsieur Jean-Daniel Delley sur ce thème.

https://www.domainepublic.ch/articles/37697.

En introduction, il écrit ceci : « c’est une histoire attristante où l’aveuglement le dispute à la mauvaise foi ». L’article 5 chiffre 3 de notre Constitution fédérale dispose que « les organes de l’État et les particuliers doivent agir de manière conforme aux règles de la bonne foi. ». La mauvaise foi de l’OFT est ici patente.

Lorsqu’il se penchera sur les oppositions déposées par les adversaires de l’aberrant projet officiel de nouvelle gare souterraine à Cornavin, le Tribunal Fédéral sera sans doute amené à se prononcer sur la bonne foi des organes concernés, l’Office Fédéral des Transports, les services cantonaux en charge des transports, les CFF.

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