La Conseillère fédérale Sommaruga a pris la tête du Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication en 2019. Elle a hérité à ce moment du dossier empoisonné du nœud ferroviaire de Genève.
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- Le Conseil d’Etat du canton de Genève,
- l’administration du canton de Genève en charge des transports,
- l’Office fédéral de l’environnement,
- l’Office fédéral du développement territorial,
- l’Office fédéral des transports,
- le Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie, et de la communication,
tous savent que les chantiers de la solution inscrite dans le Plan directeur cantonal 2030 approuvé par la Confédération le 18 janvier 2021 dégageraient un million de tonnes de CO2 de plus que ceux de la solution de la boucle de l’aéroport, et tous refusent de même faire examiner cet aspect. Peut-être sont-ils climato-sceptiques, peut-être jugent-ils plus importantes d’autres causes, la sauvegarde de l’image de l’Etat, qui pourrait souffrir de la révélation de l’impéritie de certains de ses serviteurs, la sauvegarde de leur propre image, qui pourrait souffrir de leur impéritie, ou encore la sauvegarde de leurs positions au sein de l’appareil de l’Etat.
Corrélation entre coût des infrastructures et quantité de CO2 émise par leurs chantiers
Il va de soi qu’il y a corrélations entre l’ampleur de chantiers d’infrastructures de même nature (par exemple des tunnels ferroviaires), leurs coûts, et la quantité de CO2 qu’ils émettent.
Le tunnel ferroviaire de base du Brenner, long de 64 km, coûte 8.4 milliards d’euros2017, 130 millions d’euros par kilomètre, et ses chantiers dégageront 3 millions de tonnes de CO2, 357 grammes de CO2 par euro2017. (source, par exemple ici: Aus der Analyse unterschiedlicher Verkehrsszenarien geht hervor, dass ab der Inbetriebnahme der Hochleistungsstrecke im Jahr 2022 bis 2040 in etwa 3 Millionen Tonnen CO2 eingespart werden können. Die während der Bauphase des Brennerbasistunnels und der Baulose 1 und 2 der Südzufahrt verursachten CO2-Emissionen können binnen 19-20 Betriebsjahren der Hochleistungsstrecke kompensiert werden. https://www.bbtinfo.eu/co2-haushalt-des-brenner-basistunnels/ ).
Le tunnel ferroviaire de base en cours de réalisation au Brenner est de nature semblable à celle du tunnel du Gothard et celle du tunnel du Monte-Ceneri. Les chantiers de chacun d’eux dégageront à peu près autant de CO2 par kilomètre. Le tunnel du Gothard, long de 57 kilomètres, a coûté 9,4 milliards de francs1998, 165 millions par km, celui du Monte-Ceneri, 15,4 km, 2,8 milliards1998, 182 millions par km. En moyenne 174 millions de francs1998 par kilomètre. Le coût du kilomètre au Brenner se monte à 130 millions d’euros2017.
Ainsi, un franc suisse1998 paie en Suisse moins de tunnel (il en paie une longueur de 5,7 microns) qu’un euro2017 en Autriche et en Italie (qui en paie 7,7). Il dégage donc moins de CO2 qu’un euro. Les 357 grammes de CO2 par euro2017 dégagés en Autriche ou en Italie deviennent 267 grammes de CO2 par franc1998 en Suisse (357 grammes / 174 millions de francs1998 par kilomètre x 130 millions d’euros2017 par kilomètre = 267 grammes).
La boucle de l’aéroport à 270'000 tonnes de CO2 ou la solution officielle à 1'350'000 tonnes ?
La Confédération vient d’approuver la mise à jour du Plan directeur cantonal 2030, le 18 janvier 2021. La Confédération s’est donc ralliée à l’extravagante solution résultant de l’incurie des administrations: après avoir dépensé 1,65 milliards pour réaliser la moitié de l’extension de Cornavin (un quai et deux voies), il faudrait dépenser un milliard supplémentaire pour réaliser la seconde moitié de l’extension de Cornavin (un second quai et deux voies de plus), avant de dépenser deux milliards pour créer une nouvelle gare, supplémentaire, à l’aéroport, en même temps qu’un nouveau tronçon de chemin de fer reliant cette nouvelle gare de l’aéroport à Cornavin via Les Nations, pour deux milliards de plus, pas réalisables avant 2050. Au total, les chantiers coûteraient 5 milliards (j’arrondis), dégageant donc 1,35 millions de tonnes de CO2.
Du même coup, en approuvant le Plan directeur cantonal 2030 mis à jour, la Confédération a rejeté la solution de la boucle de l’aéroport, qui permettrait d’assurer la même offre que le Plan directeur cantonal 2030, mais sans devoir attendre jusqu’en 2050, ne coûtant qu’un milliard, et non 5, dégageant 270'000 tonnes de CO2, et non 1,35 millions de tonnes.
La boucle économiserait donc l’émission de 1,08 millions de tonnes de CO2, autant que l’ensemble de la flotte automobile genevoise (220'000 voitures circulant en moyenne 14'000 kilomètres par année) en émet pendant 2 ans et demi. Largement de quoi s’étonner de l’indifférence des personnes et organismes d’Etat concernés.
La raison triomphera
Le plan directeur cantonal a force obligatoire pour toutes les autorités, sauf si de nouvelles solutions, meilleures, apparaissent. Des adaptations du plan directeur cantonal peuvent intervenir lorsque des circonstances ont évolué, lorsque de nouvelles tâches se présentent, ou lorsqu’il est possible de trouver une meilleure solution d’ensemble (LAT, Article 9, alinéa 2).
La boucle de l’aéroport est une bien meilleure solution d’ensemble. Aucune personne de bonne foi ne peut aujourd’hui en douter encore.
Annexe :