Un lecteur d’un de mes précédents blogs se pose la question : à qui profiterait la solution officielle à laquelle s’oppose la solution de la boucle ? Voici mon hypothèse.
Les personnes et organes d’Etat en charge de l’établissement du réseau ferroviaire genevois ont mal travaillé, vers 2008 – 2010. La décision qu’ils ont prise ensemble, en catimini – étendre la gare actuelle en démolissant le bas des Grottes - s’est révélée très mauvaise.
Il n’y a rien de répréhensible à ce que les organes de la Confédération, du Canton, de la Ville, les CFF, se parlent et cherchent ensemble une solution qui satisfasse les divers objectifs que chacun poursuit, selon sa fonction. Mais il est inadmissible qu’ils aient pensé pouvoir imposer la solution qu’ils ont décidée en conclave : de pareils ouvrages, coûtant de l’ordre du milliard, bouleversant des quartiers entiers, ne peuvent se décider sans consulter les habitants, les citoyens, les parlements. Or on se souvient que c’est seulement au moment où les CFF se sont opposés à un plan d’urbanisme élaboré par la Ville, ignorante du projet ferroviaire, que la décision prise en conclave est devenue publique.
Si la solution qu’ils adoptent se révèle mauvaise, les personnes et organes d’Etat impliqués deviennent de facto tous solidaires, partageant ensemble la responsabilité de leur décision commune. C’est alors ensemble qu’ils font tout pour s’en exonérer, prétendant contre toute évidence que leur décision est la meilleure. Les gens des Grottes s’opposent à leur décision ? ils soutiennent avoir examiné toutes les solutions possibles, qu’il n’y en a pas de meilleure que la leur ; un tiers leur oppose la solution d’une boucle ? ils font tout pour le décrédibiliser, critiquent à tort et à travers, trichent, mentent.
La faute originelle la plus grave, la plus lourde de conséquences, c’est de ne pas avoir mis au concours la recherche de la solution du problème posé au départ, comment aménager le nœud ferroviaire de Genève pour accroître sa capacité ? afin d'ainsi obtenir un large éventail de solutions dont il serait possible d’établir les qualités et les défauts, les avantages et les inconvénients, pour déterminer objectivement la meilleure.
Revenons à la question de mon lecteur : à qui profiterait la solution officielle à laquelle s’oppose la solution de la boucle ? A ceux qui ont commis la faute originelle bien sûr, parce que l’adoption de leur projet les disculperait.
Il serait très regrettable que ce cas du nœud ferroviaire de Genève aboutisse à un lourd fiasco, ternissant l’excellente réputation de la fonction publique en Suisse.
Ce n’est pas trop tard : la solution « officielle », celle qui permettrait d’accroître la capacité du nœud ferroviaire de Genève, qui permettrait à 16 trains par heure venant de la Côte vaudoise de visiter Genève, qui inscrirait la gare de l’aéroport dans le réseau régional, cette solution « officielle » ne pourra en aucun cas être atteinte avant l’an 2045. La boucle de l’aéroport permettra tout cela dès 2030, pour le quart du prix.