Pour prouver que j’ai grossièrement sous-estimé les coûts de la boucle, les CFF ont présenté aux députés ce document, daté du 21 janvier 2020 (page 52 du Rapport de la Commission des Travaux) :
Reprenant ma carte schématique du 28 avril 2019 indiquant la situation des sauts-de-mouton envisagés, les CFF les ont entourés d’un trait rouge et numérotés.
Chacun des sauts-de-mouton indiqués sur cette carte a été étudié, dessiné, et son coût calculé. Tout ça a été rendu public. Et bien entendu, j’aurais répondu aux questions que mon travail aurait suscitées, si les CFF avaient bien voulu s’y intéresser.
Les CFF ne se sont pas embarrassés d’un quelconque scrupule : plutôt que d’analyser plans et calculs faits pour chaque ouvrage, ils dressent une liste de sauts-de-mouton réalisés ou en cours de réalisation en Suisse, affirmant implicitement que tous les sauts-de-mouton de Suisse coûtent approximativement le même prix, ce qui est parfaitement faux : il y a des sauts-de-mouton de 2 kilomètres de long, d’autres de 600 mètres, il y a des sauts-de-mouton en viaducs, d’autres en souterrains, dans des conditions environnementales, géologiques, topographiques différentes. Certains sauts-de-mouton doivent reposer sur des portiques transversaux, d’autres non.
Comme chaque ouvrage du projet GeReR a été étudié, dessiné, et rendu public, il aurait été facile pour les CFF d’approcher le coût de chacun d’eux. Ils n’ont même pas fait ça ! Quelle vilenie !
Les CFF, en refusant dans les circonstances présentes – le débat qui oppose la boucle aux projets officiels - d’examiner soigneusement les sauts-de-mouton, étudiés, dessinés, calculés et calculés, commettent délibérément une mauvaise action.
Mais plus encore : ils avancent que le saut-de-mouton de Châtelaine (n° 7), coûterait 250 millions. Avançant ce coût à titre d’exemple, ils laissent entendre aux Députés qu’ils ont étudié ce projet en détail. C’est une vilénie encore.
Voici la représentation en plan, dessinée en octobre 2018, de ce saut-de-mouton :
Court, situé en zone de caractère industriel, dans un contexte déjà largement dédié aux infrastructures de transport, l’autoroute, la bifurcation ferroviaire, le saut-de-mouton est entièrement situé sur le domaine privé des CFF, dans un environnement géologique favorable. Son coût est de 50 millions environ, le cinquième du montant énoncé par les CFF : 250 millions ! A ce tarif, les projets des CFF et des administrations coûteraient non pas 4,7 milliards, mais 23,5 !
Mesdames les Députées, Messieurs les Députés, les CFF vous trompent pour dénigrer le projet de la boucle. Non seulement ils vous laissent entendre qu’ils ont étudié cet ouvrage, mais encore avancent-ils un résultat extravagant, sans aucune justification !
Mesdames les Députées, Messieurs les Députés, demandez-leur de vous présenter leur étude de ce saut-de-mouton, l’étude qui leur permet de vous affirmer qu’il coûterait 250 millions. Vous devriez au moins obtenir de leur part, rapidement puisque en principe déjà réalisé, un plan de l’ouvrage dessiné sur fond cadastral analogue à celui que j’ai dressé en octobre 2018.
Tout ça, Mesdames et Messieurs les Députés, tout ça va conduire Genève à une grave impasse. Lorsque les citoyens du canton, les habitants des quartiers voisins de Cornavin, réaliseront au moment des procédures d’enquête publique l’ampleur du désastre qui les attend, quand enfin sera brisée l’omertà que fait régner la toute puissante administration cantonale des transports, quand la justice sera saisie et que les administrations et les CFF devront répondre de leurs décisions, tout se bloquera.
Les mensonges aux citoyens se paient toujours !