Le canton de Genève affiche publiquement ne pas vouloir collaborer avec la Confédération afin de garder les mains libres, tout en affichant tout aussi publiquement qu’il fait ainsi en comptant plus tard vendre le projet réalisé selon ses vœux à la Confédération.
Est-ce bien raisonnable ? Ce sera le Parlement fédéral qui décidera de l’attribution des fonds fédéraux aux différents cantons. Je ne suis pas sûr que la manœuvre genevoise suscitera un fort élan de sympathie.
Quelles études ont été réalisées pour définir le tracé que veut le canton ? aucune, je crois. Pourquoi ne pas faire les choses dans l’ordre ?
- L’OFROU a étudié selon ses normes la solution esquissée par le Canton pour achever le contournement autoroutier de Genève, solution qui traverse le lac entre le Vengeron et la Pointe à la Bise avant de rejoindre la douane de Thônex-Vallard en zigzagant à travers la campagne genevoise et passant sous Chêne-Bourg et Thônex.
- L’OFROU a fait cette étude dans le cadre de la recherche de la solution optimale à l’engorgement de l’A1 entre le Vengeron et Perly.
- L’OFROU a conclu que la traversée du lac ne suffirait pas à résoudre l’engorgement de l’A1, qu’au contraire elle augmenterait la charge du tronçon Vengeron – Aéroport, et qu’elle devrait être complétée par l’élargissement de deux tronçons, Vengeron – Aéroport et Vernier – Bernex.
- C’est pour cette raison, expressément (2015.05.12 Lettre de OFROU.pdf), que l’OFROU a décidé « de ne plus examiner aucune variante de traversée du Lac dans le cadre de ces études visant à éliminer au plus vite le goulet d’étranglement ».
- La suite de la lettre est parfaitement claire : « Si un complément de réseau « traversée du Lac » venait en revanche à être intégré une fois dans l’arrêté fédéral sur le réseau des routes nationales, nous aurons la possibilité de lancer des études relatives au tracé optimal de cette traversée. Ces études ne se feraient plus alors sous l’angle « élimination du goulet d’étranglement » et votre variante pourrait alors être analysée et comparée avec les autres variantes envisageables. »
Il ressort de ceci, sans aucune ambigüité, que les inconvénients de la traversée du lac énoncés par l’OFROU ne portent pas sur le principe de la traversée et de l’achèvement du contournement autoroutier de Genève, mais sur le seul tracé que l’OFROU a examiné, celui que le Canton tente d’imposer, qui passe par la Pointe à la Bise. C’est le cas notamment de l’inconvénient qui serait que l’autoroute passerait par des zones encore peu construites.
La Confédération n’élève aucune objection de principe à une traversée du Lac. En revanche, si elle en est saisie, elle tiendra à mener l’affaire selon ses normes, notamment par souci d’équité entre les innombrables demandes qui lui sont faites. Ça ne signifie pas pour autant qu’elle refusera de tenir compte de l’avis de Genève. La Confédération sera sans aucun doute un partenaire plus agréable, plus solide, plus respectueux, qu’un prestataire public-privé.