L'article du 15 mars sur le thème du Gothard posait la question: Que deviendra le tunnel ferroviaire historique de 1882 après la mise en service du tunnel de base, en 2017 ? Un lieu de culture des champignons?
Je prédisais que plus aucun train de marchandises ni plus aucun train rapide ne le parcourront. Des trains régionaux ? L’entretien de la ligne historique du Gothard coûte 50 millions par an : dépenser 50 millions par an pour quelques trains régionaux ?
Une première réponse est tombée le 10 avril: Le directeur de CFF Cargo, Monsieur Nicolas Perrin, déclarait à un journaliste de 24heures, Monsieur Prin, ceci:
« Le concept d’exploitation pour le Gothard existe. … Une fois le tunnel (de base) ouvert, vous ne verrez plus un convoi de CFF Cargo empruntant l’ancienne ligne sommitale … ».
Ainsi s’évanouit le principal argument en faveur du maintien en exploitation de la ligne de montagne.
Les tenants de la poursuite de l’exploitation de cette ligne avançaient jusqu’ici que le tunnel de base serait rapidement saturé, forçant une part du trafic par le Gothard à continuer à emprunter la ligne historique. Il ne faut pas s’étonner que les CFF y renoncent : le tunnel de base aura de toute manière une capacité nettement supérieure aux deux lignes qui lui donnent accès.
Il reste à apprendre de nos autorités ferroviaires, et des CFF, ce qu’ils entendent faire du trafic des voyageurs. Il n’est pas imaginable qu’ils ne le sachent pas, à moins de trois ans de l’échéance de la mise en service du tunnel de base, quand tous les trains rapides passeront par le tunnel de base, et que la seule fonction résiduelle de la ligne de montagne et du tunnel historique serait d’assurer le trafic local et touristique, qui ne nécessite en aucun cas les très considérables installations actuelles, et leur entretien. Les CFF dépensent 50 millions par année pour simplement maintenir la ligne en bon état, qu’il y ait circulation de trains ou non. Tant que ces 50 millions étaient répartis sur le trafic des voyageurs et surtout sur l’énorme trafic des marchandises, ils étaient raisonnables ; mais qu’en serait-il s’ils devaient se répartir sur quelques trains régionaux ? Poser la question, c’est y répondre.
Le Conseil des Etats a délibéré pendant sa dernière session de la question de l’assainissement du tunnel routier. Il ne s’est pas posé une seule seconde la question de savoir ce qu’il adviendra de la ligne de montagne après la mise en service du tunnel de base. Le Conseil national va débattre de ce dossier prochainement, en disposant d’un élément supplémentaire important : les CFF ont décidé de n’y plus faire passer de convois de marchandises. Il faut espérer qu’il se penchera sur la question capitale de ce dossier : que deviendra la ligne historique, sans plus de convois de marchandises, après la mise en service du tunnel de base ?
A cette question s’en ajoute une autre, subsidiaire : si la ligne de montagne ne sert plus au chemin de fer, ne serait-il pas raisonnable de transformer le tunnel historique en tunnel routier, et économiser la construction d’un tube supplémentaire ?