Domaine public vient de publier un article où Monsieur René Longet développe une comparaison entre le développement ferroviaire de Genève et celui de Zurich. https://www.domainepublic.ch/articles/34141
Cette comparaison de l’approche genevoise et de la zurichoise est riche d’enseignements. Il lui manque toutefois un facteur fondamental.
A Zurich vient de s’achever la Durchmesserlinie, qui comporte un saut-de-mouton. D’une longueur de 1'600 mètres, il passe à un endroit à près de 20 mètres de hauteur par-dessus un pont routier franchissant lui-même le faisceau des voies au sol. Réalisé dans l’encombrement des voies existantes, il a coûté 203 millions, soit 127'000 francs par mètre.
A Genève, il est envisagé de créer un tel saut-de-mouton à la bifurcation au Val Ombré : en arrivant de Cornavin, les deux voies de la ligne de La Plaine se séparent des deux voies de la ligne de l’aéroport.

Illustration.
Le saut-de-mouton aura une longueur de 460 mètres, il passe lui aussi par-dessus une route, ici l’autoroute, mais celle-ci repose à cet endroit au fond d’une tranchée, ce qui fait que la hauteur du saut-de-mouton est de moins de 10 mètres seulement. L’espace nécessaire à son installation est déjà disponible, sans encombrement de voies. Sur la base du coût du zurichois, ce saut-de-mouton, relativement très simple, coûtera environ 60 millions.
L’administration genevoise, elle, avance pour ce saut-de-mouton un coût de 280 millions, complètement déraisonnable, 5 fois plus que ce n’est raisonnable.

Illustration: à gauche en haut: "Saut-de-mouton Horizon 2030 280 MF"
Le cas décrit ici n’est qu’un exemple de cette déraison. Je pourrais en rappeler d'autres, des estimations de coûts dépassant même le facteur 5. Voyez le montant indiqué pour le saut-de-mouton envisagé à Sécheron!
Cette illustration, un extrait de procès-verbal de séance d'une Commission du Grand Conseil, a été présentée par l'administration genvoise.
Mais que se passe-t-il à Genève?
Domaine public a publié une approche plus générale : https://www.domainepublic.ch/articles/32768
Pour résoudre le problème de capacité de son noeud ferroviaire, moins d’un milliard suffiraient. Genève fait des projets estimés à 4,67 milliards, complètement déraisonnables, 5 fois plus que ce n’est raisonnable.
Il sera de plus en plus difficile pour Genève d’obtenir que la Confédération y investisse dans le domaine ferroviaire. S’il manque à Genève des moyens financiers pour réaliser un réseau RER performant, ce n’est pas parce que l’argent manque. C’est parce qu’à Genève, on ne compte pas.