Ils sont 4 à devoir se partager la responsabilité du désastre à venir. Ils sont 4 à se tenir les coudes. Ils sont 4 à refuser que le contre-projet au leur soit examiné. Ils sont 4 à abuser de leurs pouvoirs pour cacher leur faute. Ils sont 4 à tout tenter pour atténuer les conséquences de leur aveuglement.
Le 1er obstacle sérieux contre lequel butera le quatuor sera dressé par les citoyens et habitants de Genève lorsqu’ils apprendront, lors des enquêtes publiques, l’ampleur des bouleversements que provoqueraient les chantiers de plus de 2 milliards entre Cornavin et Châtelaine, et prendront conscience qu’une autre solution, laissant complètement indemnes ces quartiers, la boucle de l’aéroport, n’a pas été examinée.
Le quatuor en est évidemment conscient. Pour réduire l’obstacle, il a probablement demandé aux mandataires chargés d’établir l’avant-projet d’examiner la possibilité de réaliser en un seul chantier les deux quais et 4 voies supplémentaires plutôt qu’en deux chantiers successifs d’un quai et deux voies chacun.
Rappelons-le brièvement: après plusieurs avatars de leur projet, les 4 organes impliqués dans cette affaire ont décidé de fractionner en deux étapes la réalisation de l’extension prévue de Cornavin: plutôt qu’en une étape évaluée à 2,1 milliard +/- 30 %, soit entre 1,47 et 2,73 milliards, la réaliser en deux étapes, la 1ère évaluée à 1,67 milliards, la seconde à 1,00 milliard, au total 2,67 milliards. Le haut de la fourchette de l'estimation du coût de 4 voies et 2 quais réalisés simultanément est égal à l'estimation médiane du coût de leur réalisation fractionnée.
Bien sûr, la Convention-Cadre qui lie les 4 parties, signée le 7 décembre 2015, deviendrait caduque, et devrait au moins être amendée. Mais leur créativité en matière de financement a déjà été amplement démontrée.
Plutôt que deux chantiers successifs de 6 ans, le premier entre 2024 et 2031, le second entre 2040 et 2046, il n’y en aurait qu’un de 10 ans entre 2024 et 2035: quel chantier !
Il y aurait ainsi un motif de moins pour contester la conception du quatuor. Mais les raisons pour la rejeter et lui préférer la solution de la boucle de l’aéroport restent largement suffisantes:
- parce que la capacité de gare actuelle de l’aéroport est épuisée par les 8 trains de grandes lignes par heure, prioritaires, il faudrait attendre la réalisation de la seconde gare sous-souterraine de l’aéroport, avec sa propre ligne de desserte (plus de deux milliards), pour que l’aéroport soit accessible au trafic régional. Jusque là, jusqu’en 2050, l’aéroport ne serait pas atteignable en direct depuis Lancy-Pont-Rouge, Carouge, Champel, Eaux-Vives, Trois-Chêne, depuis Annemasse, depuis Evian ni Annecy, depuis Meyrin, Zimeysa, La Plaine, depuis Bellegarde, depuis Lyon ni Grenoble, ni depuis Versoix,
- l’aéroport resterait même au-delà de 2050 inaccessible au ferroviaire depuis Tannay, Mies, Pont-Céard, Versoix, Genthod, à moins d’un rebroussement à Cornavin,
- les trains transportant des marchandises dangereuses ne disposeraient pas d’un trajet évitant le centre densément habité de Genève,
- les colossaux chantiers (plus de 2 milliards) à Cornavin, Montbrillant, au bas de la rue de la Servette, aux Charmilles et à Châtelaine bouleverseraient tout de même l’environnement, y laisseraient de graves cicatrices, après avoir compromis durement l’existence des commerces et dégagé une très forte pollution et une masse considérable de CO2,
alors que la boucle de l’aéroport:
- évitera tous ces défauts, et,
- ne coûtant qu’un milliard, économisera 4 milliards aux contribuables de la Suisse entière, que l’OFT, n’a jusqu’ici pas défendus, alors que c’est à lui, selon ses propres dires, d’assurer la « mission à haute responsabilité de gérer les deniers publics avec parcimonie».