Le canton prévoit l’achèvement du contournement autoroutier grâce à un nouveau tronçon reliant l’embouchure du Vengeron à la Douane de Thônex-Vallard en passant par la Pointe à la Bise. Il en évalue le coût à 3,0 milliards pour la solution comprenant un pont à travers le Léman, et à 3,6 milliards pour celle qui y prévoit un tunnel. (Je mentionne en fin d'article l'estimation de coût faite par l'Office fédéral des routes du tracé souhaité par l'Etat).
Quelle que soit la variante, ce coût est exorbitant. Le projet « Genève Route et Rail » est estimé à 3, 2 milliards, mais pour ce coût, il comprend en plus une traversée ferroviaire du Lac.
A gauche le tracé de l'Etat, à droite celui de GeReR
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Manifestement, Genève n’a pas pris conscience de l’importance d’une traversée mixte, considérable sur au moins trois plans :
1. Les études de modélisation du futur trafic automobile n'ont pas envisagé la réalisation simultanée d'une traversée ferroviaire.
Or la réalisation d’une traversé ferroviaire du Lac, bien pensée, contribuera efficacement à ce que les habitants de la Côte vaudoise et genevoise choisissent le train plutôt que la voiture pour se rendre en ville. La ligne qui traversera le Lac se raccordera au CEVA à un endroit stratégique, à la courbe que celui-ci fait immédiatement à l’est de la gare des Eaux-Vives. Cela rend facile une connexion directe avec Chêne-Bourg et Annemasse en direction sud et avec les Eaux-Vives et Champel en direction ouest, économisant par rapport au détour par Cornavin une quinzaine de minutes (à partir de Versoix, une économie de temps d'environ 40 %).
2. Faire bloc oui, mais en invitant tout le monde.
Quelle que soit la solution retenue pour la traversée du Lac, pont ou tunnel, les citoyens seront appelés à donner leur aval, pour un financement, et pour une autorisation de construire. Ne serait-il pas sage que le projet qui leur sera alors soumis comprenne une traversée ferroviaire, pour rallier une sensibilité écologiste importante. Surtout si c'est au même prix!
Les tenants de la solution passant par la Pointe à la Bise veulent que « Genève fasse bloc pour enfin réaliser le miracle : l’achèvement du contournement autoroutier de Genève ». C’est une excellente idée. Mais elle n’est pas appliquée par ceux-là même qui la prônent : ils refusent ne serait-ce que d’étudier la solution qui associe le chemin de fer à une traversée du Lac. Ce faisant, ils jettent les gens soucieux d’écologie dans l’opposition au projet. Bien sût, tous ne se rallieront pas à un projet mixte. Mais une partie d’entre eux le feront. Pour gagner une bataille, il ne faut pas commencer par se faire des adversaires supplémentaires.
« Faire bloc », très bien ! mais autant que possible avec tout le monde!
3. Réaliser une traversé mixte, c'est beaucoup moins cher que de réaliser deux traversées indépendemment l'une d l'autre,
Grosso modo, sur les 3,2 milliards que coûtera la traversée mixte du projet Genève Route et Rail, la part du chemin de fer sera de 1,0 milliard. Si le chemin de fer devait se réaliser indépendemment, son coût serait augmenté d'environ 500 millions.
Une dernière chose encore: le projet Genève Route et Rail respecte à la lettre l'article constitutionnel voté par les Genevois l'an passé. Celui-ci ne prescrit aucun tracé, spécifie qu'il s'agit de permettre l'achèvement du contournement de Genève: c'est la seule mention, indirecte, à la route. Sur ce plan, rien ne s'opppose à une traversée mixte.
L’OFROU – Office fédéral des routes a repris le projet de l’Etat pour l’examiner selon ses propres normes ; il est arrivé à un résultat nettement plus élevé, de 4,2 milliards pour la solution du pont, et 5,0 milliards pour celle du tunnel (chapitre 20.1, page 54 du document Etude préliminaire - Rapport de synthèse de l’étude d’opportunité, du 21 mars 2013).
L'association Genève Route et Rail a mis en route (et en rail bien sûr) un site Internet : http://www.gerer.ch/ qui facilitera le contact. Les grandes lignes en sont installées.