L’argumentation
Avec la boucle, des voyageurs monteront à Cornavin dans le train venu de la Côte vaudoise pour se rendre, via Aéroport, en direction de Lausanne et au-delà. C’est donc un train transportant des voyageurs voulant poursuivre leur trajet qui fait halte à l’aéroport. Et aussi, à l’aéroport, des voyageurs ont attendu ce train-là pour y monter. L’arrêt doit être bref.
Au contraire, sans la boucle, les trains arrivés à la gare de l’aéroport se vident. Leur immobilisation ne porte par conséquent pas préjudice aux voyageurs.
Sans la boucle, les trains arrivés à l’aéroport peuvent y stationner quelques temps, dans l’attente du moment prévu à l’horaire. La boucle doit au contraire être parcourue continûment, un train qui la parcourt doit sauf incident poursuivre son voyage.
Ceci fait que les deux gares de Cornavin et de l’aéroport sont assimilables à d’autres gares traversantes, comme le sont Lausanne, Berne, Sion, Neuchâtel. D’une certaine manière, Genève n’est plus une tête de ligne, Genève est située au milieu d’un trajet deux fois plus long : Saint-Gall est tête de ligne du trajet Saint-Gall – Genève – Saint-Gall. Relevons qu’un trajet de cette longueur, 700 km, est courant dans le monde ferroviaire européen, par exemple Bâle – Hambourg (850 km) ou Turin-Naples (900 km), ou encore Paris-Marseille (800 km).
Genève, n’étant plus tête de ligne, doit s’inscrire dans le système cadencé.
Il va de soi qu’il faut examiner l’affaire dans le futur. C’est sur l’ébauche d’offre ferroviaire dressée par l’Office fédéral des transports pour l’an 2035 que se fonde la présente étude. file:///C:/Documents%20and%20Settings/Rodolphe/Mes%20documents/Downloads/entwurf-angebotskonzept-ausbauschritt-2035%20(16).pdf.
Précaution : Le dossier qui suit réalise un tableau général du système ferroviaire qui sera concerné par l’insertion de la boucle de l’aéroport à Genève. Il a pour objectif de comprendre le mécanisme du système cadencé et la manière dont la boucle peut s’y intégrer.
Il s’agit d’un travail de dégrossissage. Très nombreuses sont les autres solutions possibles.
Genève – Berne (IC)
Actuellement, les Intercités quittent Berne pour Genève à un moment nodal, circulent jusqu’à la gare de l’aéroport, y stationnent un certain temps avant de repartir pour Berne qu’ils doivent rejoindre à un moment nodal.
A Berne, pour absorber le très important trafic, il y a deux moments nodaux par heure, à l’heure pleine et à la demi-heure. Actuellement, les trains quittent Berne à la demi-heure et retrouvent Berne 4 heures plus tard, à la demi-heure également.
Pour accélérer le système en respectant le principe de l’horaire cadencé, il faut en général gagner 60 minutes sur un tel aller-et-retour. Mais par le fait qu’a Berne il y a deux moments nodaux par heure, il suffit de gagner sur cet aller-et-retour 30 minutes pour réaliser l’aller-et-retour en 3h30. L’ébauche d’offre 2035 de l’OFT prévoit deux circulations par heure parfaitement parallèles entre Genève et Berne, puis que l’une des deux rejoint Zurich, l’autre Lucerne. Les deux trains sont de même type pour desservir alternativement Lucerne et Zurich.
Divers perfectionnements de l’infrastructure et du matériel roulant permettront de gagner une quinzaine de minutes sur l’aller-et-retour. Ce n’est pas suffisant pour atteindre un temps de parcours de 3h30. Mais la boucle, en supprimant le rebroussement à l’aéroport, économisera le quart d’heure supplémentaire nécessaire.
Ainsi, la boucle entraînera un progrès important, en réduisant le temps de parcours de 30 minutes, presque 15 %.
Seuls certains arrêts sont mentionnés.
Le train ayant quitté Berne quelques minutes après le moment nodal retrouve Berne quelques minutes avant le moment nodal. Le principe du système cadencé est parfaitement respecté, tout en raccourcissant les temps de parcours.
A Lausanne, les passages se rapprochant de l’heure pleine et de la demi-heure.
La boucle de l’aéroport n’entraîne qu’une modification modeste des temps de parcours :
- Le temps de parcours Cornavin – Berne prévu par l’OFT, sans la boucle bien sûr, est de 1h38,
- celui prévu avec la boucle, sans détour par Aéroport, est de 1h32 (-6’),
- celui prévu avec la boucle, via Aéroport, est de 1h41 (+3’).
Genève – Lausanne – Bienne – Zurich (IC)
Une deuxième ligne desservant Genève est examinée, celle de Zurich via Lausanne et Bienne.
Bienne est un nœud du système cadencé, au quart d’heure et aux trois quarts d’heure.
Seuls certains arrêts sont mentionnés.
Là aussi, le résultat est parfait :
- quittant Zurich 7 minutes après le point nodal, le train se rendant à Genève retrouve Zurich 7 minutes avant le point nodal, et
- quittant Bienne une minute après le moment nodal (16’ et 36’), le train se rendant à Genève retrouve Bienne une minute avant le moment nodal (14’ et 44’).
Ce résultat est obtenu sans rallongement notable du temps de parcours :
- Le temps de parcours Cornavin – Zurich prévu par l’OFT est de 2h53,
- celui prévu ci-dessus sans détour par Aéroport est de 2h47 (-6’),
- celui prévu ci-dessus via Aéroport est de 2h56 (+3’).
Genève – Viège (IR)
Le tunnel du Lötschberg rejoint la ligne du Simplon à Viège. Pour se rendre à Berne par le Lötschberg, les Sédunois changent de train à Viège, parce qu’il n’y a pas de bifurcation de la ligne du Simplon en direction de Berne.
Seuls certains arrêts sont mentionnés.
L’insertion de la boucle dans le système cadencé permet d’assurer la correspondance à Viège.
Le temps de parcours Cornavin – Viège, comme celui du parcours Aéroport – Viège est celui prévu par l’OFT en 2035.
Le détour par l’Aéroport, respectivement par Cornavin, l’allonge de 9’.
Genève – Saint-Maurice (RE)
Seuls certains arrêts sont mentionnés
Genève – Yverdon – Moutier – Bâle
Enfin, selon l’ébauche d’offre ferroviaire 2035 rédigée par l’OFT, l’analyse a porté sur une desserte horaire Bâle – Bienne – Genève, empruntant le shunt de Bussigny, sans aucun arrêt entre Yverdon et Genève.
Seuls certains arrêts sont mentionnés
Quittant Bâle 2 minutes après le moment nodal, le train retrouve Bâle 2 minutes avant le moment nodal. A Bienne, le passage du train est un peu décalé par rapport au moment nodal, d’environ 7 minutes.
Ce résultat est obtenu sans rallongement notable du temps de parcours :
- Le temps de parcours Cornavin – Zurich prévu par l’OFT est de 2h46,
- celui prévu ci-dessus sans détour par Aéroport est de 2h40 (-6’),
- celui prévu ci-dessus via Aéroport est de 2h56 (+3’).
L’occupation de la gare de l’aéroport
Des 9 trains qui desserviront chaque heure la gare de l’aéroport, 4 occuperont pendant 12 minutes (4 fois 3 minutes) la voie n° 2, côté Jura, pour filer en direction de Lausanne, et 5 la voie n° 3 pendant 15 minutes (5 fois 3 minutes), qui conduit à Cornavin. Les voies 1 et 4 sont réservées au trafic régional.
Conclusions
La boucle de l’aéroport s’insert dans le réseau actuel sans bouleverser le système cadencé.
Le schéma d’occupation de la gare de l’aéroport met en évidence l’extraordinaire avantage que produit la boucle. Pendant une heure, 4 trains venus de Nyon se rendent à Cornavin, puis à Aéroport, avant de repartir vers Nyon. Pendant cette même heure, 5 trains venus de Nyon se rendent à Aéroport, puis à Cornavin, avant de repartir vers Nyon. Ainsi, pendant cette heure, 9 trains sont venus de Nyon à Genève, 9 trains ont quitté Genève en direction de Nyon :
- la gare de l’aéroport aura vu passer 5 trains d’est en ouest, et 4 trains d’ouest en est, au total 9, alors que
- la gare de Nyon aura vu passer 9 trains d’est en ouest et 9 trains d’ouest en est, au total 18.
La boucle contribue à une exploitation économique des convois, réduisant d’une dizaine de minutes en moyenne le temps d’immobilisation à Genève.
A Lausanne, la situation se rapproche de celle, idéale, d’un double nœud aux heures pleines et aux demi-heures.