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Aux fous!

Le Canton veut de l’argent pour étudier la « Raquette », dont le coût est estimé par son administration à plus de 2,0 milliards. La Confédération juge ce prix trop élevé. Elle regimbe. Elle a bien raison !

 La halte de Châtelaine coûterait selon les plans de l’administration genevoise un quart de milliard. La Confédération juge ce prix trop élevé. Elle regimbe. Elle a bien raison !

La Confédération dispose d’environ 1,2 milliard de francs par an pour assurer la maintenance des infrastructures ferroviaires et financer les investissements. Un Programme de développement stratégique (PRODES) avec pour horizon 2050 fixe la ligne générale, une sorte de plan directeur. Sa réalisation passe par des Etapes d’Aménagement (EA) prévues à des intervalles pouvant varier en théorie entre 4 et 8 ans. L’étape d’aménagement EA 2025 doit être achevée en 2025 : en principe, ne peuvent entrer dans une étape d’aménagement que des projets suffisamment avancés pour pouvoir être réalisés à l’échéance de l’étape.

Les critères prioritaires de l’analyse de la Confédération sont : le rapport coût/avantage, la maturité politique du projet (aménagement du territoire - urbanisme), la maturité technique (faisabilité clairement établie). C’est à cette aune qu’il faut apprécier les demandes adressées par Genève à la Confédération.

La réalisation à Cornavin de deux voies supplémentaires fait partie de l’Etape d’Aménagement 2025, pour un coût initialement prévu de 790 millions. Les péripéties qui ont entouré ce projet, conduisant à l’enfouissement des deux voies sous la gare actuelle, ont eu deux effets : 1. la date de réalisation est reportée à 2030, et 2. le coût a passé de 790 millions à 1,65 milliard, la part de la Confédération passant de 790 millions à 1’074 millions. Je ne sais pas comment l’administration fédérale s’est débrouillée avec la loi pour payer la part à sa charge du surcoût, de 284 millions.

La Confédération a développé des méthodes permettant de définir objectivement les priorités. Elle tient à assurer une parfaite impartialité. Elle souhaite éviter l’aventure qu’elle a vécue à Genève, qui l’a forcée à violer ses propres règles d’impartialité : dans le calcul initial du rapport coût/utilité, le coût était de 790 millions, il a passé à 1’074 millions, l’utilité restant la même. Le rapport coût/utilité est donc biaisé.

Il fallait rappeler ce contexte pour aborder les informations rendues publiques hier par l’Office fédéral des transports OFT. L’OFT hésite entre deux variantes : l’une d’elle prévoit une Etape d’aménagement s’achevant en 2030, portant donc sur 5 ans, se montant à environ 7 milliards, l’autre variante s’achève en 2035, se montant à 12 milliards.

 Pour ce qui est de Genève, le Canton a établi sa liste de vœux en 2014.

  1. « La Raquette » : le Canton a demandé le financement des études de la « Raquette », cette ligne nouvelle qui relierait Cornavin-Nations-Aéroport gare nouvelle sous gare actuelle-Meyrin-Zimeysa, dont le coût est estimé par son administration à plus de 2,0 milliards. La Confédération n’est pas entrée en matière. Il faut croire que la Confédération a jugé défavorable le rapport coût/utilité de cet ouvrage, rejoignant le point de vue depuis longtemps exprimé par l’association Genève Route et Rail, dont le projet, offrant de meilleures fonctionnalités, coûterait moins de 800 millions, et résoudrait aussi du même coup le problème suivant.
  1. La halte de Châtelaine : le Canton a également demandé d’inscrire la halte de Châtelaine. La Confédération n’est pas entrée en matière. Il n’y a rien d’étonnant à cela : le groupe d’experts qui a étudié le problème de Cornavin (on trouve son rapport, daté du 15 novembre 2015, annexé à la Convention-Cadre signée le 7 décembre 2015 par la Ville de Genève, le Canton, la Confédération et les CFF) a été amené pour des raisons d’économie à sabrer une partie de son projet initial (suppression de l’une des deux voies desservant Cornavin depuis l’ Ouest). Or la halte de Châtelaine ne peut être réalisée sans cette voie, les experts s’expriment très clairement sur ce point (page 12, figure 8, aussi page 15, chapitre 6.1). Or la voie manquante, pour être réalisée après coup, coûtera 172 millions (chapitre 6.3 du rapport). A ces 172 millions s’ajouteraient le coût de la halte, évalué à 70 millions, ce qui porte la dépense pour cette halte à un quart de milliard.

    Bien entendu, il est parfaitement raisonnable de créer une halte à Châtelaine. Le projet GeReR, dont la boucle de l’Aéroport diviserait par deux le trafic à travers Cornavin et sur le tronçon de Châtelaine permettrait de réaliser cette halte pour 70 millions seulement, puisqu’il ne nécessite pas la réalisation de la voie manquante.

Mais quand donc l’administration genevoise se rendra-t-elle compte que l’argent public, il faut le gagner aussi ? et que si elle s'obstine à ne pas s'en rendre compte, c'est l'Etat qui trinque ?

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