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A Monsieur Kanaan, Membre du Conseil administratif de la Ville de Genève

Cher Monsieur,

Vous écrivez aujourd’hui ceci sur votre blog du journal Le Temps :

« Aujourd’hui, le Léman Express n’est pas l’aboutissement d’une démarche ; c’est un premier pas, certes important, mais largement insuffisant. Le prochain chantier de grande ampleur sera l’extension de la gare Cornavin avec 2 puis 4 voies souterraines supplémentaires, chantier que certains contestent encore au nom d’une vision passéiste du transport régional. Faut-il rappeler que, pendant que certains esprits frondeurs bien genevois s’amusent à couper les cheveux en 4 juste pour exister, les autres cantons avancent et obtiennent des soutiens fédéraux ? »

Permettez-moi de protester : je ne suis pas genevois.

Ceci dit, les Genevois qui m’accompagnent ne sont pas des esprits frondeurs qui auraient une vision passéiste du transport régional. Ce sont des personnes soucieuses de l’intérêt général, et sensées.

Voici ce qu’il en est :

La 1ère extension de Cornavin, aura les effets suivants sur le trafic régional :

Fréquence horaire des régionaux avant et après la réalisation de la 1ère étape d’extension de Cornavin, au départ de Cornavin :

- en direction de Lausanne :      avant : 4, après : 4,

- en direction de l’aéroport :     avant : 0, après : 0,

- en direction d’Annemasse :    avant : 4, après : 4,

- en direction de La Plaine :      avant : 3, après : 4.

 

Pour ce qui est des Express régionaux :

- en direction de Lausanne :     avant : 4, après : 4,

- en direction de l’aéroport :    avant : 0, après : 2,

- en direction d’Annemasse :   avant : 2, après : 2,

- en direction de La Plaine :     avant : 3, après : 3.

 

Ces données sur le trafic régional sont exhaustives, ce n’est pas un échantillonnage. La très modeste augmentation de l’offre régionale que permet la 1ère extension de Cornavin ne justifie en aucun cas la dépense de 1,7 milliards et les bouleversements que provoqueraient pendant près de 10 ans le chantier au centre névralgique de la Ville de Genève, de votre Ville !

La 1ère extension de Cornavin, n’apportant aucun changement essentiel, n’est donc pas urgente : avec 4 liaisons Aéroport – Cornavin assurées chaque heure par les longs trains de grandes lignes, l’ajout de 2 Express Régionaux n’est d'aucun intérêt, et le Léman Express offre dès dimanche une fréquence en heure de pointe de 4 trains régionaux sur la ligne de La Plaine.

 

Le plus grave défaut de cette 1ère extension de Cornavin est qu’elle ignore la desserte régionale de l’aéroport, ceci jusqu’à 2045 au moins : à l’exception de Nyon, de Coppet, de Versoix et de Cornavin, aucune halte, ni aucune gare de toute la région n’est reliée directement à l’aéroport, c’est-à-dire sans qu’il faille changer de train : aucune !

C’est, je crois, l’Etat qui à Genève a la maîtrise de ces questions. Mais c’est sans aucun doute la ville de Genève qui aurait le plus à souffrir pendant le chantier qui enfouirait à 20 mètres de profondeur un quai et deux voies. Et que sera-ce ensuite, quand il s’agira de provoquer une seconde fois le même  cataclysme !

C’est vraiment absurde : l’extension de Cornavin a été fractionnée en deux étapes pour des raisons de financement. Ensuite, la 1ère étape a été rabotée pour être moins chère, c’est-à-dire une fois encore pour des raisons de financement : autrement dit, pas par manque d’argent, mais par manque d’argent à ce moment-là ! Cette 1ère étape a été à tel point rabotée que ce qu’elle permet est si maigre qu’on pourrait s’en passer, et réaliser en une seule fois le tout dans une vingtaine d’années.

L’autre solution, la boucle de l’aéroport, résoudra l’ensemble du problème dès 2030, pour un coût d’un milliard. Elle raccorde toutes les gares et haltes de la région directement à l’aéroport. Elle ne nécessite rigoureusement aucun chantier à Cornavin. Elle économise le dégagement d’un million de tonnes de CO2. Elle se réalise en grande partie sur domaine public ou sur propriétés des CFF.

La boucle de l’aéroport, qui a été conçue par les CFF lorsqu’ils ont réalisé la gare de l’aéroport en 1980, n’a jusqu’à ce jour rencontré aucune objection solide.

Vous remerciant de l’attention que vous porterez à ce message, je vous prie de croire, cher Monsieur, à l’expression de ma plus parfaite considération.

Rodolphe Weibel

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