Pendant l’été 2016, la Commission des travaux du Grand Conseil de la République et canton de Genève s’est penchée sur le Projet de loi du Conseil d’Etat ouvrant un crédit d’étude et d’investissement de 425,28 millions de francs relatif à l’extension de capacité du nœud ferroviaire de Genève. On trouve son rapport ici :
http://ge.ch/grandconseil/data/texte/PL11912A.pdf
L’Association GeReR – Genève Route et Rail a été longuement entendue.
Les lecteurs de ce blog connaissent bien les deux concepts, celui de l’Etat et le mien.
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Ces deux conceptions s’opposent donc complètement pour résoudre pourtant le même problème : l’insuffisante capacité du nœud ferroviaire de Genève. Tout ça est désormais bien connu des lecteurs de ce blog.
Ce qu’il est aujourd’hui opportun de rappeler, c’est la responsabilité de l’Office fédéral des transports dans l’élaboration du réseau ferroviaire suisse.
La détermination des besoins est fractionnée. Pour ce qui est des trafics régionaux, ce sont les cantons, regroupés par zones géographiques, qui en ont la charge. Pour ce qui est des trafics de grandes lignes, c’est l’OFT.
La détermination des extensions et améliorations du réseau nécessaires à la satisfaction des besoins en trafic de grandes lignes et en trafic régional doit être le fait d’un organe unique : le réseau est commun aux deux trafics. Tout naturellement, puisque c’est la Confédération qui paie tout, c’est aussi à la Confédération qu’incombe cette responsabilité. L’OFT en est l’organe d’exécution. C’est à lui qu’il appartient de faire la synthèse des besoins et de leur trouver les meilleures solutions pour les satisfaire.
J’en arrive à l’essentiel. Pour se faire une image complète et juste du problème sur lequel elle se penchait, la Commission des travaux du Grand Conseil a invité l’OFT, qui a délégué son directeur suppléant. Au cours de son audition, ce dernier a tenu ce propos :
« Enfin, concernant le projet Weibel, même si ce dernier pouvait faire sens au niveau genevois, l’OFT s’y opposerait de toute manière dans l’intérêt du système global en Suisse ».
Cette déclaration doit être mise en parallèle avec une réponse du même directeur à une question d’une députée, qui « souligne qu’en observant les futurs projets ferroviaires dans le canton, la fameuse raquette qui revient sur Cornavin apparaît », et questionne : « Doit-on oublier pour l’instant cette raquette ? ». La réponse de ce directeur laisse pantois :
Il « indique avoir découvert l’existence de cette raquette la semaine passée et souligne qu’il ne s’agit pas d’un véritable thème pour l’OFT ».
L’OFT a donc pris position sur la question cruciale, valant 4 milliards, sur laquelle se sont longuement penchés les députés-commissaires, auditionnant longuement et en profondeur l’association GeReR, sans même connaître une semaine plus tôt l’existence de la raquette. Mais comment alors pensait-il résoudre le problème de capacité de la gare de l’aéroport ? Ou alors ignorait-il même que l’insuffisance de capacité de la gare de l’aéroport constituait un obstacle essentiel à l’extension de la capacité du nœud ferroviaire de Genève dans son ensemble ?
Les CFF, dont l’OFT est en quelque sorte l’autorité de tutelle, n’ont bien sûr pu qu’acquiescer. Ils n’avaient d’ailleurs rien à y perdre, puisqu’ils ne participent en rien au financement des infrastructures ferroviaires.
Comment s’étonner qu’une telle incurie, que personne ne pouvait imaginer régner dans un Office fédéral, ait conduit à une si calamiteuse décision du Grand Conseil.
L’OFT persévère
Il n’y a que deux conceptions connues à ce jour pour résoudre l’évidente insuffisance de capacité de la gare de l’aéroport : la boucle de l’aéroport, et la ligne nouvelle Cornavin-Nations-Aéroport II (II parce que 2ème gare de l’aéroport), appelée d’abord « raquette », aujourd’hui « diamétrale ».
L’OFT choisit une fois de plus la mauvaise voie : il a récemment attribué un montant pour l’étude de la raquette.
L’OFT refuse d’étudier la boucle de l’aéroport, refuse même de l’envisager. L’OFT tient à dépenser 4 milliards et demi plutôt que trois quarts de milliard.
Le Directeur suppléant présente ainsi la mission de la division « financement » qu’il dirige : « Nous cherchons avec les entreprises de transport la meilleure solution et répondons chaque année de la répartition des subventions à hauteur de plusieurs milliards : telle est notre mission à haute responsabilité afin de gérer les deniers publics avec parcimonie pour que leur utilisation soit la meilleure possible. »
« Wir suchen mit den Transportunternehmen nach der jeweils besten Lösung und verantworten jedes Jahr die Zuteilung von Subventionen in der Höhe von mehreren Milliarden. Dies ist eine sehr verantwortungsvolle Aufgabe. Unser Ziel ist es, mit den Mitteln der Steuerzahlenden haushälterisch umzugehen. Die eingesetzten Gelder sollen den grösstmöglichen Nutzen bringen. »